Elections générales 2017 : le journal – 5ème édition

Labour et Tories face à des retours embarrassants

Ce jeudi 27 avril a vu un retour embarrassant à droite : celui de Boris Johnson. L’ancien maire de Londres et actuel Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères avait disparu, Brexit oblige, depuis plusieurs mois. Coutumier des gaffes, il a récidivé. Il a utilisé une tribune dans le tabloid de droite The Sun (*) pour insulter Jeremy Corbyn, le leader de l’opposition. Il l’a qualifié de « mutton-head » et de « MugWump », un terme venant des Etats-Unis qui aurait été utilisé la première fois pour parler d’un Républicain qui aurait soutenu le candidat démocrate à la présidentielle à la fin du 19e siècle. Une autre source laisse apparaître que ce terme aurait été utilisé par les Amérindiens pour évoquer une personne importante… On comprend mieux pourquoi Theresa May a pris grand soin de ne pas exposer celui qui est, selon le protocole, numéro 3 du gouvernement britannique.

Dans la série des retours surprenants, celui de Zac Goldsmith. Le candidat conservateur malheureux à la mairie de Londres a démissionné de son poste de membre du parlement pour la très huppée constituency de Richmond Park dans la capitale britannique. Il avait motivé son choix par son opposition au projet gouvernemental de créer une troisième piste à l’aéroport de Heathrow. Alors que rien n’a changé sur ce dossier, le milliardaire va tenter de reprendre son siège, lequel a basculé aux Lib-Dems.

Mais la gauche aussi a connu un retour dont elle se serait bien passé. « Si les sondages disent vrai, Theresa May va gagner cette élection », a déclaré jeudi Tony Blair. L’ancien premier ministre travailliste, jamais avare d’une vacherie envers son successeur à la tête du Labour, n’a pas laissé entendre que les enquêtes d’opinion puissent se tromper. Reçu dans la matinale de SkyNews, Tony Blair, qui n’a jamais caché sa détestation pour les idées de Corbyn, a refusé de soutenir l’actuel leader du Labour.

Après l’homosexualité, les Lib-Dems trébuchent sur l’antisémitisme

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Après près d’une semaine de polémique sur l’homosexualité, dont le leader Tim Farron a fini par concéder qu’elle n’est pas un péché, les libéraux-démocrates se retrouvent avec un nouveau boulet aux pieds. Le parti centriste avait désigné David Ward comme candidat dans la constituency de Bradford-East, dont il a été le représentant au parlement entre 2010 et 2015 avant de céder le siège au Labour. David Ward a été mis en cause pour des propos antisémites.

Dans un premier temps, Tim Farron, jamais en retard d’une bourde, a estimé que « ce n’est pas le rôle du leader d’imposer qui ou qui n’est pas candidat », après avoir reconnu que les propos de David Ward étaient « erronés, offensants et, par dessus tout, antisémites ». Après s’être fait sèchement tacler par Theresa May lors des PMQs du mercredi 26 avril, Tim Farron a fini par virer David Ward. Les Lib-Dems doivent donc trouver un autre candidat pour Bradford-East.

Les tories prêts pour la chasse à l’homme

Lors des élections générales de 2015, les conservateurs avaient joué de la mauvaise image générale du leader travailliste d’alors Ed Milliband. Mettant en oeuvre une tactique baptisée « Kill Mill », ils avaient concentré leurs attaques sur la personne Ed Milliband, évitant le débat de fond. Le retour des spécialistes de la communication digitale de David Cameron dans l’équipe de Theresa May laisse présager une redite. Alors que le parti travailliste est à la traîne dans les sondages, Corbyn pourrait bien être la nouvelle cible d’une campagne orchestrée contre lui et dont les tabloids de droite tels que The Daily Mail et The Sun (*) se feront un plaisir de relayer.

Une source interne au parti conservateur concède cyniquement : « On a du matériel dans le coffre : sur l’IRA, sur le Hamas, sur la sécurité (…) Pendant longtemps, la direction du parti a retenu les coups en attendant l’élection. Maintenant, les jeux sont faits et les enjeux sont importants ». Ca ne va donc pas être très beau à voir.

Premiers retraits tactiques 

Ce n’est pas encore la progressive alliance puisque ce concept caractérise une alliance entre les Greens, les Libéraux-démocrates et le Labour. Mais, dans la constituency de Brighton-Pavilion, fief de la co-leader des écolos anglais Caroline Lucas, les Lib-Dems ont décidé de ne pas présenter de candidat à l’élection générale de 2015. Les travaillistes n’ont pas encore investi leur propre challenger mais 5 prétendants se disputent encore l’investiture.

En revanche, les Greens ont décidé de ne pas présenter de candidat face au Labour dans la constituency de Ealing Central and Acton, dont la membre du parlement sortante, la travailliste Rupa Huq, avait gagné de 274 voix en 2015.

Pour Corbyn non plus, ça ne veut pas

Il avait plutôt réussi son entrée en campagne, un exercice dans lequel les deux leaderships successifs du Labour montrent qu’il excelle. Mais Jeremy Corbyn vient de commettre sa deuxième grosse bévue. Après une interview en demie teinte à la BBC dimanche 23 avril, il a annoncé que, si Theresa May devait confirmer qu’elle refuse de participer aux débats télévisés, il n’y serait pas plus présent.

Emma Hardy a défait deux proches de Corbyn à Hull

Confirmant ce que les observateurs n’ont pas manqué de relever, le leader socialiste ne parvient pas toujours pas à faire désigner ses proches comme candidats aux élections. Ainsi, le siège relativement sécurisé de Hull West et Hessle, libre après la décision de retrait de l’élu sortant Alan Johnson, échappe aux corbynites. David Prescott, une des plumes du leader, et Sam Tarry, un permanent syndical qui a joué un rôle clé dans la campagne interne de Corbyn, ont été nettement distancés par Emma Hardy, une militante locale considérée comme modérée.

Dans les fiefs du nord, c’est tout aussi brûlant. Andy Burnham a décidé de laisser son siège de Leigh pour se concentrer sur la mayoral pour Greater Manchester. Corbyn pousserait la candidature d’une de ses proches conseillères, Katy Clark. Cette annonce a provoqué la colère du leader du council de Wigan et président du Labour local. Lord Peter Smith a accusé le leader du Labour de traiter ses adhérents par le « mépris ».

Dans ce contexte, les propositions du Labour en matière du logement et la promesse de créer un secrétariat d’Etat de plein exercice pour le logement – publiées jeudi 27 avril – passent au second plan. Quand ça veut pas…

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* La rédaction de Grey Britain boycotte The Sun, en soutien aux victimes d’Hillsborough

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