Elections générales 2017 : le journal – 9ème édition

Les derniers sondages nourrissent l’optimisme au sein du parti travailliste. Ce n’est pas encore une inversion de courbes mais l’écart entre les tories et le Labour semble se resserrer. Cantonné à 20 points en début d’année, le principal parti de gauche flirte aujourd’hui avec les 30.

  • Conservateurs : 46.8% (+9.0)
  • Labour : 29.8% (-1.4)
  • Lib-Dems : 9.1% (+1.0)
  • UKIP : 5.8% (-7.1)
  • Greens : 2.8% (-1.0)
  • (Moyenne des sondages, source BritainElects)

La tendance s’est accélérée dernièrement. En trois semaines, le Labour serait passé de 25 à 32% (meilleur sondage) d’intentions de vote.

Surtout, les études d’opinion laissent apparaître une sorte de retour au duel entre conservateurs et travaillistes, alors que les Lib-Dems et les Greens ne semblent pas devoir renouveler leurs bons scores des élections locales. En revanche, en Ecosse, si les tories bénéficient d’une dynamique solide, la baisse annoncée du Scottish national party pourrait, elle, bénéficier au Labour.

De fait, chacun des partis semble en difficulté dans ses propres bastions. A l’instar du SNP en Ecosse, les conservateurs commenceraient à éprouver des difficultés en Cornouailles. Dans le même ordre d’idée, en visite électorale lundi 15 mai dans l’Oxfordshire, bastion tory s’il en est, Theresa May aurait bénéficié d’un accueil contrasté, selon les journalistes présents. Au final, le résultat en termes d’élus paraît plus compliqué à prévoir que ce que laissent croire les sondages.

Les conservateurs à la chasse au vote ouvrier entre autres

En termes de brouillage, les conservateurs se révèlent au mieux de leur forme. Theresa May a présenté ce lundi 15 mai au matin son programme en direction du monde du travail. Elle marche clairement sur les plate-bandes des travaillistes. Congé formation, droit de s’absenter pour le deuil d’un enfant, jusqu’à 52 jours de congés pour s’occuper d’un proche, possibilité de poursuite pénales contre un chef d’entreprise qui romprait les accords sur les pensions… sont autant de mesures qui devraient figurer dans le Manifesto tory pour les élections de juin prochain.

Cette évolution du programme conservateur constitue la première mise en cohérence de la pratique du parti au pouvoir avec le discours de la nouvelle première ministre May. En prenant la succession de David Cameron, elle avait pris soin de s’éloigner du libéralisme cher à son prédécesseur pour renouer avec un discours plus axé vers la classe ouvrière. Certes, le seul budget sur lequel Theresa May a eu la main n’a pas permis de passer des paroles aux actes. Si elle est élue, elle pourra désormais mettre son manifeste en avant et, par là, tenir ses promesses.

Mais, d’un autre côté, la première ministre sortante a suscité une vive émotion la semaine passée. En visite dans une usine, à l’occasion d’un Q & As (séance de questions et réponses) avec les salariés, elle a annoncé son intention de revenir sur l’interdiction de la chasse au renard, une loi de Tony Blair. Les enquêtes d’opinion montrent que 77% des Britanniques sont hostiles à la chasse au renard. Les propos de la leader conservatrice ont déclenché une vive émotion dans tout le pays.

Après ses choix en faveur des très sélectives Grammar Schools, les propos de la leader conservatrice sur la chasse au renard l’ont à nouveau positionnée en candidate de caste de l’aristocratie et de la très haute bourgeoisie. On comprend mieux, dans ce contexte, pourquoi les mesures les plus favorables aux salariés, dans son programme, ont fuité dans la presse quelques jours plus tard.

On comprend mieux aussi pourquoi ses équipes encadrent le plus sérieusement possible chacune de ses apparitions : interdiction au public de poser des questions hors des séances prévues à cet effet, filtrage de la presse et mise à l’écart des journalistes locaux, limitation des apparitions en milieu ouvert… Pour la candidate du strong and stable leadership (un leadership fort et stable), le côté « maniaque du contrôle » de cette campagne fait un peu désordre.

En même temps, on peut comprendre les angoisses de la communication tory. Interviewée par Robert Peston, sur ITV, un journaliste politique habitué à secouer ses invités, Theresa May a eu beaucoup de mal ce lundi 15 mai. Poussée dans ses cordes sur la situation des infirmières du National Health Service, la première ministre sortante a lâché :

« Je n’ai pas eu le temps de les voir. »

Pour coutumière que cette attitude soit chez les tories, elle n’en a pas moins provoqué une vive émotion alors que le NHS a été la cible, durant tout le week-end, de la plus vive cyber attaque de son histoire.

Le Labour chasse à gauche

C’est mercredi que les travaillistes vont dévoiler, officiellement, leur propre manifesto. Les premiers éléments qui ont fuité dans la presse l’ancrent comme le programme le plus à gauche que les travaillistes aient jamais porté depuis 1983. Pour donner de la crédibilité à cette orientation, Corbyn a intégré à son équipe de campagne un proche collaborateur de Len McCluskey, Andrew Murray. Qui a la particularité d’avoir été membre du parti communiste avant de rejoindre le parti travailliste en décembre 2016.

Il faut se rappeler qu’à l’occasion des élections générales de 1983 le Labour a aussi connu sa pire défaite électorale. Les opposants à Corbyn ne se sont pas battus pour changer une ligne du Labour manifesto. Comme s’ils tenaient particulièrement à ce que le leader du parti soit battu sur sa propre ligne, puisque c’est ce que les sondages annoncent.

Sur le terrain, c’est tout de suite plus nuancé. Ainsi, Jeremy Corbyn, se positionnant dans le respect des électeurs, a bien concédé que le Brexit suscitera des entraves à la liberté de circulation. Aussitôt, les figures de l’aile droite travailliste, telles Chuka Ummuna ou Heidi Alexander, se sont empressés de communiquer sur le thème :

« A l’occasion des élections générales, je suis clair auprès de mes constituents : je me battrai pour que le Royaume-Uni reste dans le marché unique et l’union douanière. »

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