Une « erreur administrative » met en péril la victoire tory aux élections générales

Ironie du calendrier, alors que le Premier Ministre David Cameron se veut le héraut de la lutte contre la corruption à l’occasion d’un sommet qui se tient sur le sujet à Londres, son parti est convoqué par la justice au sujet de ses frais de campagne lors des élections générales du mois de mai 2015.  Depuis la fin de l’année 2015, l’enquête suit son cours, tandis que les conservateurs ont passé leur temps à dissimuler les documents concernant leurs dépenses. Par deux fois en février et mars, la Commission n’a pas obtenu les documents demandés au tories.

La commission électorale qui veut établir s’il y a eu fraude, a perdu patience et a demandé à la Haute cour de justice d’ordonner aux conservateurs de produire les documents sur leurs dépenses de campagne. Selon les informations recueillies par les médias, 29 circonscriptions sont concernées par l’enquête. Le parti conservateur s’est révélé incapable de chiffrer le coût de la campagne dans ces constituencies, où il s’est servi d’un bus.

Le bus de campagne au coeur des soupçons Ce bus de campagne a généré plusieurs dizaines de milliers de livres de dépenses, notamment en termes d’hébergement, qui n’apparaissent nulle part. Au titre des autres litiges figurent des courriers signés du Premier ministre David Cameron appelant à voter conservateur dans des circonscriptions, sans mention du nom du candidat. C’est notamment le cas à Tornbay où le membre du parlement battu a saisi la police du Devon et des Cornouailles. Les missives mettent en avant la possibilité d’une alliance entre Labour et nationalistes écossais du SNP dans des régions où le nationalisme anglais est particulièrement important. La commission électorale devra statuer si ces lettres envoyées nominativement aux électeurs relèvent de dépenses nationales ou locales.

Le Representation of the People Act prévoit que les dépenses par constituencies sont strictement réglementées, entre 15,000 et 20,000 livres. Or, le coût du mailing du premier ministre à Tornbay est estimé à 10,000 livres…

Le sujet est éminemment délicat pour des tories qui ont gagné les élections générales avec 12 sièges de majorité, ce serait un véritable cauchemar si la commission électorale décidait qu’il y avait bien fraude. Elle pourrait statuer en faveur de nouvelles élections dans les circonscriptions concernées, et les tories sont loin d’avoir la partie gagnée dans ce cas de figure. Une bonne partie des 29 sièges concernés ont été remportés de justesse. Parmis les 29 ont peut citer Amber Valley, Broxtowe, Bury North, Cannock Chase, Cheltenham, Chippenham, Dudley South, Erewash, Kingston, Lincoln, Morecambe and Lunesdale, North Cornwall, Northampton North, Nuneaton, Plymouth Sutton and Devonport, Pudsey, Sherwood, South Thanet, Sutton and Cheam, Thornbury and Yate, Torbay, Weaver Vale, Wells or Yeovil.

Cameron mentionné dans les investigations Ces constituencies ont souvent vu des victoires par une courte majorité des conservateurs sur leurs alliés d’alors : les Liberaux-démocrates. Les Lib-Dems, qui mènent actuellement la vie dure au gouvernement de Cameron, n’entendent pas laisser passer l’occasion de mettre en difficulté un ancien partenaire qui a assis sa victoire à leur détriment.

Côté conservateur, on assure en public être de bonne foi, et qu’il n’y avait pas besoin de faire appel à la Haute pour si peu… tout en faisant parvenir une partie des documents. Pour les dépenses mal imputées, les tories plaident une « erreur administrative ». La commission électorale examine les pièces disponibles tout en précisant qu’elle vérifie d’abord si elles ont un rapport avec ce qu’elle demande ou s’il s’agit d’une manœuvre dilatoire de plus.

Silvère Chabot

 

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