Le meurtrier de Jo Cox a le profil d’un terroriste solitaire d’extrême-droite

« Mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne ! » C’est ainsi que Tommy Mair, meurtrier présumé de la parlementaire Jo Cox, a répondu quand la Cour chargée de son inculpation lui a demandé de décliner son nom et son prénom. L’homme, âgé de 52 ans, a été présenté aux magistrats de Westminister ce samedi 18 juin. La police se penche sur les liens entre le terroriste et l’extrême-droite. Et, quoi qu’il en soit des troubles mentaux dont semble avoir souffert Mair, les enquêteurs affirment que l’attaque visait Jo Cox. Il y aurait donc bien eu préméditation.

Inculpé pour homicide volontaire vendredi 17 juin, Thomas Mair devra aussi répondre des accusations de possession d’arme à feu avec intention de s’en servir et blessures graves. Le lendemain, les magistrats lui ont demandé de décliner son identité. Le meurtrier a répondu :

« Mon nom est mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne ».

Les juges ont demandé à ses avocats de confirmer qu’il répondait bien au nom de Thomas Mair, ce qu’ils ont fait.

Le fourgon de police dans lequel Mair aurait été amené au tribunal

Le fourgon de police dans lequel Mair aurait été amené au tribunal

La chief Constable de la police du West-Yorkshire, Dee Collins, a confirmé que, parmi d’autres pistes, ses enquêteurs cherchent à établir l’état mental du suspect principal, considéré par ses voisins comme un « solitaire » avec des antécédents psychiatriques. Il a été patient du Pathways Day Centre de Mirfield, un centre spécialisé pour les adultes atteints de maladies mentales.

Bénévole pour Oakwell Hall country park, il avait évoqué sa maladie auprès du Huddersfield Examiner, un journal local, estimant que « le bénévolat (lui) avait fait plus de bien que toutes les psychothérapies et médicaments du monde ». Les sources policières confirment que l’assassin présumé était « lucide » et « conscient » au moment de son interrogatoire.

Dee Collins a aussi confirmé que les liens de Thomas Mair avec l’extrême-droite constituent une piste sérieuse de l’enquête tout en précisant :

« L’attaque (sur Jo Cox) est isolée et ciblée ».

Reçu pour les achats de Mair auprès de National Alliance

Reçu pour les achats de Mair auprès de National Alliance

La piste de la motivation politique de l’assassinat a été mise en lumière dès les premiers témoignages recueillis par la presse. En attaquant membre du parlement pour Batley et Spen, près de Leeds, Thomas Mair aurait, selon trois témoins, crié « Britain First » (« Grande-Bretagne d’abord »). Cri de ralliement des nationalistes britanniques, c’est aussi le nom d’un groupe d’extrême-droite qui s’est fait connaître pour ses « patrouilles chrétiennes » dans les quartiers populaires de certaines villes. Plus récemment, son leader, Paul Goulding, a appelé à « l’action directe » contre « les élus musulmans » dont le maire de Londres.

Il y a dix ans, Mair avait acheté plusieurs publications de SA Patriot in exile, éditées par le White Rhino Club, proche du Springbok club, un groupe de suprémacistes blancs nostalgiques de l’Apartheid. Formé en Afrique du Sud, ce groupe s’est « exilé » après la chute du régime raciste de Prétoria. Dans ses publications récentes, le Springbok club défend le Brexit et s’oppose aux « sociétés multiraciales » ainsi qu’à « l’islam expansionniste ».

La section anti terroriste mène l'enquête sur le meurtre de Jo Cox

La section anti terroriste mène l’enquête sur le meurtre de Jo Cox

Selon une lettre électronique du Springbok club de 2006, « Thomas Mair, de Batley dans le Yorkshire est un des tous premiers abonnés et partisans du SA Patriot in exile ». L’enquête devra établir si les liens ont persisté depuis ou si, comme l’affirme le groupuscule suprémaciste, Thomas Mair s’en est éloigné.

Selon les informations disponibles, les enquêteurs qui ont fouillé la maison de Thomas Mair y auraient découvert des insignes nazis et plusieurs exemplaires de publications issues de l’extrême-droite. Thomas Mair a été identifié, par Southern Poverty Law Center , un site américain de vigilance contre l’extrême-droite, comme acheteur de plusieurs livres édités par National Alliance, un groupe néo-nazi basé aux Etats-Unis, parmi lesquels un manuel pour fabriquer un pistolet artisanal mais aussi des livres défendant la création d’une « patrie blanche » et l’éradication des juifs.

National Alliance a été fondée en 1974 par William Pierce, à partir du groupuscule National Youth Alliance, et a bénéficié du soutien de l’ancien gouverneur ségrégationniste de l’Alabama et triple candidat à la Maison blanche George Wallace. Un des livres de William Pierce, décédé en 2002, a été cité comme inspiration par Timothy McVeigh, auteur de  l’attentat à la bombe d’Oklahoma City en 1995 qui a tué 168 personnes.

Nathanaël Uhl

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