Le groupe Carillion placé en liquidation judiciaire, 20,000 emplois et des services publics en danger

La chute de Carillion, le géant britannique de la construction, est potentiellement un des plus gros scandales de la décennie. Ce lundi 15 janvier aux aurores, la direction du groupe a annoncé qu’il passe en liquidation judiciaire après qu’un plan de sauvetage a échoué. Le gouvernement a aussitôt annoncé qu’il injectera l’argent nécessaire pour financer les contrats de service public mis en oeuvre par le groupe. Le parti travailliste a appelé à ce que ces délégations soient reprises par le secteur public.

Carillion, outre une activité de construction dans le bâtiment et les travaux publics qui le voit intervenir sur les chantiers de création de lignes ferroviaires ou d’hôpitaux, gère des activités aussi diverses que la fourniture de repas dans les écoles; le nettoiement et la restauration collective dans les hôpitaux ; l’entretien de bases militaires. Le groupe emploie 43,000 salariés dont 20,000 au Royaume-Uni et est impliqué dans une centaine de projets majeurs pour le pays, lesquels sont aujourd’hui menacés.

Le week-end des 13 et 14 janvier, crucial pour la survie de Carillion, deuxième opérateur de construction du pays, a débouché sur la faillite du géant aux pieds d’argile alors que les banques ont refusé d’injecter de l’argent frais. Basée à Woltherhampton et vieille de 200 ans, l’entreprise affiche une dette de 900 millions de livres alors que son schéma de pension est en déficit de 590 millions de livres.

Au regard de l’implication de Carillion dans l’activité relevant de la responsabilité de l’Etat, le gouvernement a annoncé, tôt ce matin, qu’il va injecter l’argent nécessaire au paiement des pensions et au maintien des contrats de service public. Interrogé sur Radio 4, le ministre du cabinet et nouvel homme fort du gouvernement David Lidington a indiqué :

« La première priorité, sur laquelle j’ai demandé aux ministres et aux fonctionnaires de se concentrer, demeure le maintien des services publics (…) Le gouvernement paiera les salaires via le liquidateur judiciaire, pas par le biais de Carillion. »

Il a aussi indiqué que, dans les jours à venir, certains contrats pourraient « revenir dans le secteur public » tandis que d’autres seraient confiés à des opérateurs alternatifs.

De son coté, le Labour demande à ce que les principaux services publics mis en oeuvre par Carillion reviennent dans le giron de l’Etat. Intervenant sur la BBC, la nouvelle Shadow secrétaire d’Etat aux affaires, à l’énergie et à la stratégie industrielle, Rebecca Long-Bailey, a martelé :

« Nous souhaitons que ces contrats soient réintégrés sous contrôle public ».

Le parti travailliste s’interroge sur l’attitude du gouvernement qu’il accuse d’avoir attendu la « 11e heure » pour intervenir dans un dossier explosif. Il exige, par ailleurs, l’ouverture d’une enquête publique. Il demande, notamment, pourquoi le gouvernement a continué à attribuer des contrats – à hauteur de milliards de livres – à Carillion alors que, depuis six mois, de nombreux signaux d’alerte avaient été émis sur la fragilité du groupe.

Les syndicats sont également montés au créneau, pour dénoncer les risques inhérents à la privatisation de pans entiers du secteur public. Rehana Azam, secrétaire national de GMB, a enfoncé le clou :

« Le fait qu’un prestataire de service aussi important que Carillion soit désormais en liquidation montre l’échec complet d’un système qui place nos services publics dans les griffes d’opérateurs douteux et uniquement intéressés par le profit. »

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