Mais qui gouverne donc le Royaume-Uni ?

« QUI DIRIGE LE PAYS ? » C’est la question qui domine au lendemain d’une nouvelle journée de crise subie par Theresa May. Selon un sondage publié mardi 17 juillet par Sky data, 74% des interrogés estiment que la première ministre ne dirige même pas son propre parti. La première ministre pensait pourtant, avoir passé le cap le plus difficile avec la démission de Boris Jonhson et David Davis. Mais les partisans du Brexit lui ont clairement fait comprendre qu’elle ne pourrait pas se maintenir au 10 Downing Street sans leur assentiment.

Le plan élaboré par Theresa May pour mener la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne est officiellement déclaré mort depuis le 17 juillet au soir. Le compromis élaboré à Chequers, la résidence de détente des chefs du gouvernement, il y a 10 jours, a volé en éclats. La frange dure des Brexiters l’a vidé des éléments de compromis. Mardi, le texte final présenté par la première ministre est passé de justesse : 14 conservateurs ont voté contre May, un record à ce jour.

Les observateurs estiment que Theresa May a été sauvée par les Libéraux-démocrates. Une partie d’entre-eux n’a pas participé au vote, ce qui a amené Tim Farron et Vince Cable, l’ancien et l’actuel leader de la formation centriste et pro-européenne, à présenter leurs excuses.

Jacob Rees-Mogg et son European Research Group (soutenu désormais par 80 membres du parlement) ont imposé leur ligne dure à Theresa May. Elle a du accepter de laisser passer des amendements qui contredisent le plan qu’elle défendait depuis près de dix jours. Désormais, la ligne des tories conduit à une sortie dure, sans accord avec l’Union Européenne. Les ajouts imposés par les hard Brexiters rejettent la possibilité pour la Grande-Bretagne de faire partie de l’union douanière avec l’Union européenne, et ils ne se soucient guère des effets désastreux de leurs choix politiques sur la situation en Irlande du Nord et à travers le Royaume.

La travailliste Kate Hoey (au centre de la photo) fait l’objet d’un processus de désélection de la part du Labour

Les services de Downing Street ont beau clamer que ces amendements sont conformes au plan initial de Theresa May, force est de constater que la Première ministre a perdu la main sur le sujet le plus explosif du moment.

Selon la proposition élaborée par Jacob Rees-Mogg, le seul compromis possible avec l’Europe des 27 consisterait à ce que le Royaume-Uni collecte les droits de douane au nom de l’Union européenne en échange de la réciproque sur le continent. Autant dire que ce proposition a peu de chance de devenir réalité un jour.

Chaos à tous les étages

Malgré les appels au calme de l’ancien Premier Ministre John Major, demandant aux eurosceptiques les plus « fanatiques » de calmer le jeu et de négocier un compromis avec Theresa May, la crise s’accentue. Les tories partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne ne cachent pas leur colère face à ce qui apparaît comme un chantage de la part des Brexiters.

Dixième démissionnaire, Guto Bebb, secrétaire d’État à la Défense, est officialisé son départ après avoir voté contre le gouvernement. Justine Greening, ex-ministre de l’Éducation de Theresa May, a plaidé, elle, pour un nouveau référendum sur la sortie de l’UE. Sa proposition a été immédiatement rejetée par son cabinet. Pourtant, cette demande enregistre chaque jour de nouveaux soutiens.

Alors que le groupe parlementaire conservateur explose, Theresa May cherche une porte de sortie (!) temporaire en proposant d’ajourner les travaux de la Chambre des Communes en envoyant les membres du parlement en vacances au plus tôt. A condition qu’ils adoptent la motion.

Enfin, la direction de la principale campagne en faveur de la sortie lors du référendum de 2016, Vote leave, a été condamnée à 61.000 livres d’amendes pour avoir enfreint la loi électorale.

 

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