Brexit – Theresay May : moi et le chaos

CE QUI DEVAIT ADVENIR EST ARRIVE. La semaine s’annonçait bien compliquée pour Theresa May, après une dizaine de jours passés à tenter de convaincre les parlementaires de voter le projet d’accord négocié avec l’Union Européenne. Au delà d’une défection dans les rangs Libéraux Démocrates (un élu sur les 12 annonçant qu’il voterait pour l’accord), l’issue ne faisait aucun doute, le 11 Décembre au soir l’accord serait battu largement à la Chambre des Communes. Lundi 10 décembre, la rumeur enfle que le vote serait « reporté ».  Coup de tonnerre, l’annonce est confirmée en début d’après-midi. La Première ministre souhaite obtenir un compromis sur la question de l’Irlande du Nord qui provoque la défiance de ses encombrants partenaires du Democratic unionist party (DUP – le parti unioniste nord-irlandais).

La Commission Européenne a pourtant averti, en début de journée, que le projet d’accord n’est pas négociable et qu’il n’y a aucune alternative sur la table. Président de la Commission, Jean-Claude Juncker a affirmé qu’il n’y aura aucune concession sur la question nord-irlandaise : « C’est nécessaire pour la cohérence de l’accord que nous avons passé avec la Grande-Bretagne et c’est vital pour l’Irlande. Nous ne laisserons pas l’Irlande seule. » Un sommet de l’Union européenne est programmé cette semaine, qui doit commencer jeudi.

Pour les observateurs britanniques, le report du vote, au plus tard le 21 janvier 2019, est motivé par le constat que Theresa May ne dispose d’aucune majorité pour faire passer « son » accord à la chambre. Ce, malgré des centaines de milliers de livres investis dans la communication, notamment digitale, pour le vendre. Selon les comptages de la presse, au minimum 100 membres conservateurs du parlement étaient décidés à voter contre le projet présenté par la première ministre. Speaker de la Chambre des communes (président), John Bercow qualifie l’annonce gouvernementale comme « profondément irrespectueuse« .

Immédiatement, Nicola Sturdgeon, Première Ministre écossaise et leader du Scottish National Party (SNP), dénonce vigoureusement cette décision et pointe la « lâcheté d’un gouvernement incapable« . Plus tard, elle déclare que le SNP voterait volontiers une motion de censure du gouvernement si le Labour la soumettait au vote. Jeremy Corbyn, leader du Labour Party, souligne que « le report de ce vote est si désastreux que l’on peut considérer qu’il n’y a plus de gouvernement en état de fonctionner à la tête du pays« .

Au sein du parti conservateur, des voix s’élèvent contre la décision de Theresa May. Le Brexiter Steve Baker observe : « Ce report constitue fondamentalement une défaite personnelle de la Première ministre ». « Les termes de l’accord étaient aussi mauvais que le gouvernement n’a pas osé le présenter au vote, ajoute-t-il. Ceci n’est pas la marque d’un cabinet stable ni d’un plan fort. » Leader du DUP, Arlene Foster enfonce le clou : vote ou pas vote, ce projet d’accord est de toute manière inacceptable.

Dans les rangs des Brexiters de droite, la colère monte face au coup de force de l’encore leader des Tories. « Son devoir est de partir« , affirme sans ambages Steve Baker, ancien membre du gouvernement. Ce mardi matin, un 26e membre du parlement conservateur a signé une lettre de défiance contre Theresa May. Il en faut 48 pour forcer un vote de défiance interne au parti.

L’humiliation est d’autant plus forte que, jusqu’à 11h30 (heure de Londres), les porte-paroles du gouvernement confirmaient que le vote aurait bien lieu comme prévu. Si Theresa May pensait se donner un moment de répit, c’est manifestement un échec.

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