Brexit : Theresa May cherche une sortie sur sa droite

LE PLAN B, C’EST QU’IL N’Y A PAS DE PLAN B. Lundi 21 janvier, comme convenu, la première ministre britannique est revenue devant la Chambre des Communes. Elle devait y présenter une alternative à son projet de traité de retrait de l’Union européenne. Une obligation après la défaite humiliante qu’elle a subie il y a une semaine. Elle a juste expliqué qu’elle allait renégocier avec l’Europe des 27 sans préciser sur quel sujet précis. Il semble qu’elle refuse de revoir sa copie sur la question du « filet de sécurité » en Irlande du Nord. Son cabinet a montré de profondes divisions mais la belle unanimité européenne semble aussi se fissurer et le Labour donne également des signes de fébrilité. Le prochain vote de la Chambre des Communes est prévu mardi 29 janvier.

Le 22 janvier, la direction du parti travailliste a effectué un premier pas. Jeremy Corbyn a ainsi ouvert la voie à un second référendum sur le Brexit. Une perspective qu’il avait toujours écartée au nom du respect du vote de juin 2016. Le patron du Labour a déclaré : « Il est temps que le plan alternatif se positionne comme central, en incluant toutes les possibilités sur la table, y compris une nouvelle consultation populaire ». Le parti travailliste maintient pour autant son refus de toute discussion officielle avec le gouvernement tant que ce dernier refuse d’écarter clairement l’option d’une sortie de l’UE sans accord.

Lors de la séance des PMQs (Prime Minister’s Questions – les questions au premier ministre), Corbyn a remis le sujet sur la table. Prenant appui sur les propos du Chancelier de l’Echiquier et du Secrétaire d’Etat à l’Economie, qui estiment qu’il y a une majorité pour exclure la perspective d’une sortie dans accord, il a demandé à Theresa May de se positionner clairement.

Les travaillistes auraient pu pousser plus loin l’avantage. La question d’un « no deal » est la nouvelle ligne de fracture au sein d’un gouvernement plus divisé sur le Brexit qu’il n’y paraît. Ainsi, la très loyale Amber Rudd, secrétaire d’Etat au Travail et aux Pensions, a insisté pour que la sortie sans accord soit exclue, notamment en raison de son impact économique. Amber Rudd a été soutenue par le secrétaire d’Etat à la Justice. Theresa May a retoqué la proposition, en invoquant la « responsabilité collective » du gouvernement. La cheffe du gouvernement a reçu le soutien de Michael Gove, secrétaire d’Etat à l’environnement et vrai numéro 2 du cabinet ; de Penny Mordaunt, en charge du Commerce international, et du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Jeremy Hunt.

Ce dernier a même proposé de réinclure dans le traité une date d’échéance pour le « filet de sécurité » qui permet de prévenir le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Hunt entend ainsi pousser l’avantage sans que le parti britannique n’ait à se dédire. Le camp européen semble en effet se craqueler sur cette question sensible de la frontière irlandaise. Certes, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a martelé lundi qu’il n’y a pas de meilleur accord que celui déjà négocié, y compris sur l’Irlande.

Pour la première fois, mardi 22 janvier, le premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a ouvert la possibilité à un accord bilatéral entre son pays et la Grande-Bretagne, en cas de sortie de l’Union européenne sans accord. Il a rappelé la responsabilité des deux parties dans la garantie de la paix en Irlande du Nord, suite aux accords du Vendredi Saint. Cet infléchissement de la position sud-irlandaise est la conséquence directe de l’affaiblissement du front européen qui se désunit, discrètement, sur le sujet.

Il apparaît donc clairement que Theresa May travaille à trouver une majorité à droite au sein de la Chambre des Communes. Elle ne cesse de donner des gages au DUP et aux Brexiters durs en repoussant le référendum et en allant même jusqu’à écarter la possibilité d’une extension de l’article 50. Elle a tout de même modifié son plan A : les nationaux en provenance de l’Union européenne seront dispensés des 65 livres de droit de résidence qu’elle avait initialement annoncés.

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