Brexit : une nouvelle date butoir, sans beaucoup d’espoir

SEULE CONTRE TOUS. La première ministre Theresa May voit encore l’espoir de faire passer son projet d’accord de retrait de l’Union européenne s’éloigner. Afin de convaincre les membres du Parlement qui l’ont déjà battue deux fois, elle espérait obtenir un délai de trois mois de la part de Bruxelles. Sceptiques, irrités même par face à une première ministre qui n’a rien d’autre à proposer qu’un deal massivement rejeté, sans solution alternative, les 27 ne lui accordent que quelques semaines. Et pour parachever le tableau, face à l’évidence, Theresa May vient d’annuler le vote de la Chambre des Communes qu’elle voulait tenir la semaine prochaine.

Les négociateurs et chefs de gouvernement européens ont posé deux dates pour le Brexit. La première, conditionné au fait que le Parlement britannique entérine dans les jours à venir le projet de traité qui existe, est posée le 22 mai, veille du début du scrutin européen. En l’absence d’accord, la date butoir est fixée au 12 avril. A cette échéance, les Britanniques devront faire connaître s’ils veulent organiser un second référendum et participer aux élections européennes ou s’ils provoquent une sortie sans accord, sous les règles de l’organisation mondiale du commerce. Les 27 veulent éviter tout imbroglio qui saperait la légitimité du futur parlement européen qui siégera à partir du 1er juillet.

A l’heure où ces lignes sont écrites, Theresa May doit d’abord faire adopter une motion lui autorisant de mettre aux voix, une troisième fois, son texte. Le speaker de la Chambre des Communes a fait savoir qu’en l’état, sans modifications substantielles, il refuserait de représenter le traité aux membres du Parlement. Mais ce n’est pas le plus ardu pour la première ministre. Elle devrait ensuite convaincre la tendance la plus conservatrice des tories qu’un mauvais deal vaut mieux qu’une sortie sans rien. Des voix se sont déjà élevées parmi les conservateurs pour soutenir une sortie sans deal.

Au delà de ses propres rangs, il lui faudra aussi convaincre les unionistes nord-irlandais qui démentent depuis quelques jours vouloir discuter à condition qu’on leur accorde une généreuse rallonge financière. Nigel Dodds a tenu vendredi a mettre les choses au clair, il n’est pas question pour le DUP de voter pour le deal de Theresa May et il votera pour la troisième fois contre celui-ci.

Du côté de l’opposition, le Labour est toujours opposé à cet accord et estime qu’il devrait y avoir une négociation alternative sur un minimum de points partagés par la majorité de la Chambre. Du côté du SNP écossais, des libéraux démocrates et du groupe indépendant, Theresa May n’a aucune chance de convaincre.

Seconde option, qui reste sur la table malgré le vote du parlement et en raison des prises de position de l’union Européenne qui a clôt les négociations et du gouvernement britannique qui ne veut pas d’un délai plus long, la sortie sans deal est loin d’être hypothétique.

Troisième option, une longue extension de l’article 50, elle aussi possible malgré les menaces de Theresa May de démissionner si cette option est décidée d’une manière ou d’une autre. Elle est défendue par l’opposition pour négocier (encore faut-il convaincre l’Union Européenne), ou pour obtenir un délai suffisant pour déclencher des élections générales, ou un second référendum. Nombre de tories s’y opposent, voyant là une manière de torpiller le brexit et la « volonté démocratique des britanniques de sortir de l’Union Européenne ». Si cette option émerge, le 12 avril le gouvernement conservateur devra alors déclencher l’organisation d’élections européennes sur le territoire du Royaume Uni. Des collectivités galloises se sont distinguées en commençant les préparatifs de cette éventualité.

Enfin, la dernière option serait tout simplement la révocation de l’article 50, mettant fin au brexit. Une option que les conservateurs refusent purement et simplement, tandis que les nationalistes écossais du SNP la soutiennent. Dans ce contexte il faut souligner qu’une pétition lancée il y a 48 heures et rassemblant plus de 4 millions de signatures en faveur de la révocation a été rejetée d’emblée par le cabinet de Theresa May, estimant que cela provoquerait une « rupture de confiance irréparable avec le peuple britannique ».

Est ce que Theresa May va finalement céder aux appels à réellement négocier hors des rangs conservateurs ? Elle a encore opposé une fin de non recevoir à l’appel des centrales syndicales à revoir sa position qui risque de précipiter le pays vers une sortie sans deal.

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