Journal des élections générales 2019 – J-35

La campagne des élections générales 2019 bat son plein, et tous les coups sont permis.

Boris Johnson (tout comme Jeremy Corbyn) est bien plus à l’aise en campagne que dans les allées de Westminster. Il y a essuyé, ces derniers mois, plusieurs dizaines de votes humiliants, et le Brexit promis n’a, une fois de plus, pas eu lieu à la date convenue. C’est d’ailleurs cette absence de majorité parlementaire qui pousse le Premier ministre britannique à convoquer ces élections de convenance.

En 2017, Theresa May avait tenté la refonte d’une majorité issue du scrutin remporté par David Cameron en 2015, avec le succès que l’on connait. Plus de 42 % suffrages exprimés, mais la perte de 13 sièges, mettant les Tories à la merci du parti Nord Irlandais unioniste DUP (0.8 % et 8 sièges) qui ne s’est pas privé de faire du chantage (subsides, refus du droit à l’avortement en Irlande du Nord…).

Mais ce nouveau scrutin anticipé marque un vrai changement. Pas moins de 71 élus sortants ont décidé de ne pas se représenter (26 Labour, 3 Lib Dems, 1 DUP, et 41 Conservateurs – dont 8 enregistrés comme indépendants). Parmi celles et ceux qui raccrochent les gants, Tom Watson démissionne aussi de son mandat de deputy leader du Parti travailliste.

Boris Johnson peut-il espérer remporter le pari qu’il s’est fixé en accédant au 10 Downing Street ?

Si une majorité de sondages se révèlent favorables au leader conservateur, aucun ne se risque à envisager une majorité absolue. Johnson a perdu de son autorité alors qu’il s’était construit une image d’homme à poigne pour prendre le parti. Cuisiné par l’opposition qui s’est vue renforcée par des dizaines d’élus conservateurs en rupture, il s’est révélé incapable d’imposer son agenda et de faire passer le Brexit avant un nouveau scrutin anticipé.

Faute de certitude sur l’issue du scrutin, le parti conservateur joue sur les fondamentaux et cogne sur Jeremy Corbyn dépeint en « nouveau Staline », portrait autrefois attribué à Ed Milliband et Tony Blair. Les conservateurs – qui n’ont pas envie de parler des dizaines d’élus qu’ils ont mis à la porte (tel Phillip Hammond ex ministre des finances) et dont 11 ont été réintégré in extremis –  préfèrent s’appesantir avec gourmandise sur les défections du côté du Labour Party.

Corbyn tente « la force tranquille »

Le départ Tom Waston, deputy leader, a été abondamment exploité par les tories pour démontrer à quel point Jeremy Corbyn fait le ménage autour de lui. Les tories font aussi parler deux élus ex Labour Ian Austin et John Woodcock qui appellent à faire barrage à Corbyn…

A gauche, la direction travailliste veut pourtant afficher une sérénité de façade. Les sondages positionnent les intentions de vote en sa faveur entre 25 et 31 %, mais l’on préfère évoquer le scrutin de 2017 ou le parti contre toute attente avait atteint 40 % des suffrages.

Peu importe les désaccords, les départs, les attaques sur son incapacité à endiguer l’antisémitisme au sein du Labour, Corbyn déroule un plan qui, selon lui, va se dérouler sans accrocs : victoire aux générales, nouvel accord avec l’Union Européenne et mise en en route d’un référendum qui donnerait le choix entre cet accord tout neuf et le maintien dans l’Union Européenne.

Mais Corbyn et son bras droit John McDonnell, shadow chancelier de l’Echiquier, continuent, dans le fond, à privilégier un agenda axé sur l’économie, le social et la redistribution des richesses. L’enjeu est, toujours, de renvoyer le Brexit au second plan. Le penseur des Corbynomics propose d’injecter, via l’emprunt, 400 milliards de livres dans l’économie britannique en dix ans.

Son alter ego conservateur, Savid Javid, pourtant farouche défenseur des thèses de Margaret Thatcher, se contente d’annoncer un surplus de dépenses à hauteur de 20 milliards de livres par an, pour porter les investissements dans les infrastructures de 0.8 à 3 points du PIB. Il faut dire que Boris Johnson doit adoucir une image fortement marquée d’ultra-libéralisme s’il veut empiéter sur les plate-bandes travaillistes.

Les Lib-Dems rêvent de 200 élus

Les Libéraux-démocrates, qui se présentent comme le parti du maintien dans l’Union européenne, se sentent pousser des ailes et envisagent ouvertement qu’ils pourraient obtenir « 200 » élus. Un rêve éveillé alors que le parti est situé entre 14 et 20 % des intentions de vote. Pour amplifier ses chances d’avoir des élus, notons que les Libéraux démocrates ont passé un accord électoral avec les écologistes et le parti gallois Plaid Cymru : le « pacte pour le maintien » (du Royaume Uni dans l’Union Européenne) se concrétise par un seul candidat pour ces trois partis dans 60 circonscriptions.

Les nationalistes écossais espèrent voir dans ce scrutin une répétition générale avant un nouveau référendum pour l’indépendance, le SNP se voit crédité de 42 à 52 sièges, balayant le Labour et des tories privés de leader depuis la démission de Ruth Davidson, qui avait pourtant mené les conservateurs à la deuxième place de l’échiquier politique écossais. Boris Johnson a, quant à lui, tranché : il refuse toute perspective d’une nouvelle consultation sur l’indépendance au-delà du mur d’Hadrien.

A l’extrème droite de l’échiquier politique c’est le grand désarroi, UKIP piétine avec 1% d’intentions de vote, tandis que Nigel Farage qui ne se présente pas (8 échecs semblent avoir eu raison de ses espérances), appelle Boris Johnson a faire une coalition. Il est vrai que les élections européennes sont déjà loin, de 30 % en juin, le Brexit party est aujourd’hui crédité de 10 % des suffrages.

 

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