Affaire Skripal : Boris Johnson a encore perdu une occasion de se taire
Mardi 3 avril, le laboratoire du centre de recherche sur les armes chimiques Porton Down a fait savoir qu’il n’a pas identifié la Russie comme étant le fabricant de l’agent neurotoxique à l’origine de l’empoisonnement de l’ancien agent double Sergeï Skripal. Le responsable du centre militaire, Gary Aitkenhead, a tenu à minorer l’impact de ce propos en rappelant qu’il n’était pas dans son rôle de nommer la source du poison.
« Nous avons identifié l’agent neurotoxique comme étant le novichok, nous avons été capable de le caractériser comme un composé militaire« , a ajouté le patron du laboratoire. Les précautions oratoires de Gary Aitkenhead ne doivent rien au hasard. Ses déclarations contredisent formellement les propos tenus par Boris Johnson, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères.
Dans un entretien accordé à la presse le 20 mars dernier, l’ancien maire de Londres avait affirmé que la Russie était formellement identifiée comme le fabricant de l’agent neurotoxique utilisé pour tenter d’assassiner Sergeï Skripal :
« Quand on regarde les preuves, je parle des gens de Porton Down, le laboratoire qui dispose d’échantillons… Et ils ont été catégoriques. Je leur ai demandé moi même ‘êtes-vous sûrs’ (que ce sont les Russes qui l’ont fabriqué) et ils ont dit qu’il n’y avait aucun doute. »
Le gouvernement, par la voix des porte-parole de Theresa May, n’a jamais été aussi catégorique sur l’origine du Novichok, se contentant de dire qu’il était « hautement probable » que la Russie l’ait produit.
Les propos du patron de Porton Down ont créé une onde de choc internationale. Proche allié de la chancelière allemande, Armin Laschet a taclé la position britannique. Il a notamment déclaré : « Si on amène quasiment tous les pays de l’OTAN à être solidaire, ne devrait-on pas avoir quelques preuves ? Quoi que l’on pense de la Russie, mes études de droit international m’ont appris qu’il y avait une autre manière de traiter avec les états. »
Après la tentative d’assassinat dont a fait l’objet Sergeï Skripal, la Grande-Bretagne a expulsé 23 diplomates russes de son territoire. Ses alliés ont fait de même pour un total de 111 officiels renvoyés en Russie.
Le gouvernement de Moscou a saisi la controverse au bond et a saisi l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques.