Le Green Party entre deux eaux

Les élections générales et locales du mois de mai 2015 laissent le Green party dans une situation paradoxale. Le parti progresse nettement en voix, passant de 265.000 suffrages en 2010, à plus de 1.157.613 millions de voix. C’est sans conteste le meilleur résultat obtenu dans ce type de scrutin par les écologistes britanniques, avec un écho particulièrement élevé auprès des jeunes électeurs. Ils présentaient 573 candidats contre 310 en 2010. Pour la première fois, le Green Party obtient autant de suffrages que lors des élections européennes, où le mode d’élection à la proportionnelle lui est plus favorable.

11165326_10152795302150785_522559183905134399_nC’est d’ailleurs ce que réclame le parti à l’issue des élections générales : la modification du mode de scrutin avec l’établissement de la proportionnelle. Ils ont participé à une pétition soutenue par les Libéraux-démocrates, les nationalistes gallois de Plaid Cymru, UKIP et le SNP, signée par 477.000 personnes. Nathalie Bennett, la porte-parole des Greens, soulignait le 18 mai : « Il n’y a pas eu de réforme significative à Westminster depuis que les femmes ont obtenu le droit de vote. Et cela s’est passé en 1918. Nous ne devrions pas arriver au centenaire de cette loi sans obtenir un mode de scrutin équitable ». Compte tenu de leur victoire, les Tories ne voient aucun intérêt à mettre en oeuvre une réforme du scrutin, pas plus que le Labour party. Le système majoritaire uninominal à un tour est un des garants du bipartisme britannique.

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Pour autant, ce scrutin laisse une impression mitigée. Caroline Lucas, MP de Brighton, est confortablement réélue. Elle accroît sa majorité, qui passe de 1.200 à 8.000 voix. Mais elle demeure la seule élue au parlement, même si 4 candidats se sont retrouvés en seconde position.  Les progrès enregistrés aux élections locales qui se tenaient le même jour restent modestes : 10 sièges de plus pour un total de 87 élus locaux. Mais, surtout, le Green party a perdu la mairie de Brighton au profit du Labour, alors que les écologistes en faisaient un exemple.

Les Greens engagés contre les coupes budgétaires

L’organisation s’est renforcée à un niveau jamais atteint, passant de 12.000 à plus de 60.000 adhérents. Mais voilà, les écologistes se retrouvent confrontés à des conservateurs victorieux et plus que jamais sceptiques sur les changements climatiques. La majorité des Tories est favorable à la fracturation hydraulique et sont partisans de la remise en avant du programme nucléaire.

Aujourd’hui, c’est l’orientation même de la campagne électorale qui est sujette à discussion. Fallait-il s’en tenir à un slogan, « voter vert, c’est éloigner les conservateurs du pouvoir », avec les résultats que l’on connait ? Ou le Green party devait-il accentuer son discours sur les questions de qualité de vie et les enjeux environnementaux pour éviter de se retrouver cantonnés au rôle d’alternative à gauche du Labour ? C’est le débat qui s’est ouvert, tandis que certains se plaisent à remettre en cause la position de Nathalie Bennett, dont les interventions dans les médias n’ont pas convaincu.

Nathalie Bennett leader du Green PartyToutefois, la direction du pari à tranché. Les Greens seront bien présents dans les initiatives de lutte contre l’austérité, dont la manifestation du 20 juin à Londres. Et ils demeureront le fer de lance de la bataille contre la fracturation hydraulique en Grande-Bretagne, sujet plus que jamais d’actualité alors que des permis de forage ont été attribués dans le Lancashire. Enfin, la question du nucléaire, demeure aussi un sujet majeur : EDF continue de pousser ses pions avec le soutien du gouvernement pour construire deux EPR du même type que la centrale de Flamanville (et ses défauts de conception) à Hinckley Point. Un agenda chargé.

 Silvère Chabot

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Bonus vidéo : The Fracking Song (My Water’s On Fire Tonight)

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