Parti travailliste : Angela Eagle annonce sa candidature face à Jeremy Corbyn
L’aigle (« Eagle » en anglais) devait atterrir ce lundi 11 juillet. C’est en fin de matinée qu’Angela Eagle, membre démissionnaire du shadow cabinet travailliste, a formellement annoncé qu’elle entend disputer le leadership du Labour à Jeremy Corbyn, qui a été élu par 59.5% des adhérents et sympathisants en septembre dernier. La membre du parlement pour Wallasey, sur la Merseyside, a mis fin à un suspens qui durait depuis deux semaines. Elle a aussi grillé la politesse à Owen Smith, lui aussi membre démissionnaire du Shadow Cabinet, qui était sur les rangs pour challenger le vétéran socialiste.
Représentant la « soft left », le centre du parti travailliste, Angela Eagle a profité de l’échec des négociations entre les deux principales factions du parti travailliste. Un échec décrété par le deputy leader Tom Watson la veille. Avec ses états de service : votes pour la guerre en Irak, pour l’augmentation des frais d’inscription des étudiants, pour les frappes aériennes en Syrie ; abstention sur la réduction de 12 milliards de livres sur les aides sociales et les services publics… Angela Eagle a pris soin de placer sa candidature sous les auspices d’une « réunification » du Labour plutôt que sur un agenda politique différent de celui de Corbyn.
Elle a surtout placé sa candidature sous le signe du leadership, c’est à dire la capacité à mener ou conduire d’autres individus ou organisations dans le but d’atteindre certains objectifs. Une qualité dont Corbyn ne serait pas doté. Le timing n’a pas permis à Angela Eagle d’en faire la démonstration. Alors qu’elle venait de commencer sa conférence de presse, les journalistes l’ont quittée en plein milieu pour se précipiter écouter Andrea Leadsom. La candidate eurosceptique au tory leadership devait annoncer son retrait de la course et laisser le champ libre à Theresa May.
Au même moment, le syndicat Unite, le plus puissant du pays, a dénoncé un « coup d’état lâche, sordide et égoïste » contre Corbyn. Par la voix de son secrétaire général Len McCluskey, le syndicat a encore accusé le parliamentary Labour party d’ « abandonner les salariés de Tata Steel, ceux du gaz et du pétrole, entre autres, au moment où ils ont besoin d’aide ». Unite a réaffirmé son soutien au leader élu du parti travailliste.
Enfin, on a appris que le Constituency Labour Party (CLP) de Wallasey avait entamé une procédure à l’encontre de sa membre du parlement. Elle pourrait faire face à une procédure de deselection, c’est à dire qu’elle serait privée de son investiture par ses propres adhérents. Déjà, le CLP de Wallasey a voté une motion de confiance en faveur de Jeremy Corbyn. Alors que les effectifs du comité sont passés de 376 à 1,200 adhérents entre le 24 juin et le 10 juillet, une pétition demandant la deselection d’Angela Eagle a été signée par 14,000 personnes.
Nathanaël Uhl