Brexit : l’étau se resserre autour de Theresa May

LE DEBUT D’ANNEE SE REVELE HOULEUX POUR THERESA MAY. En quelques jours, elle a subi défaite sur défaite au sein de la Chambre des Communes dans ce qui apparaît comme une guérilla parlementaire. De tous les partis, y compris au sein des Conservateurs, des amendements émergent pour bloquer la perspective d’un Brexit sans accord. Il aura suffi d’une vingtaine de défections dans le camp tory pour imposer deux camouflets consécutifs en ce début de semaine. Un avertissement avec frais avant le vote définitif sur le projet de sortie défendu par la leader des Tories. Il doit avoir lieu le 15 janvier prochain.

Ce n’est pas vraiment une surprise, dans la mesure où, déjà, Theresa May a été sèchement rappelée à l’ordre quant au fonctionnement de la démocratie parlementaire britannique. C’est bien aux membres du parlement que doit, toujours, revenir le dernier mot. Mardi 8 janvier, les élus ont voté un amendement qui impose à la Première ministre qu’elle produise, dans un délai de trois jours, une nouvelle proposition si son projet de texte sur le retrait était battu. Ce rajout renvoie à un vote similaire, intervenu le 17 décembre 2017, à l’issue duquel il était stipulé que la Chambre des Communes aurait le dernier mot sur le Brexit.

La veille, une autre coalition entre parlementaires opposés à un Brexit dur s’était formée autour d’un amendement présenté par la MP travailliste Yvette Cooper dans le cadre de la loi de finances 2019. Le texte limite considérablement les pouvoirs de gouvernement en matière de fiscalité dans le cadre d’un éventuel Brexit sans accord. Il avait été adopté par 303 voix contre 296, malgré les strictes consignes de vote délivrées par le gouvernement britannique.

Cette guérilla parlementaire transpartisane répond à la dramatisation orchestrée par le gouvernement autour du vote de l’accord défendu par Theresa May. Pour l’encore leader des Conservateurs, si aucune majorité n’est rassemblée autour de son projet de traité de sortie de l’Union européenne, alors la sortie se fera sans accord, occasionnant un Brexit dur. Au vu du rapport des forces, elle ne dispose toujours pas de majorité à la Chambre des Communes en ce sens. La première ministre est toujours prise entre les feux croisés de deux minorités bloquantes : les partisans, conservateurs, d’un Brexit dur, d’un côté ; les partisans d’un deuxième référendum sur le sujet, de l’autre. En fait, l’étau se resserre sur elle sans qu’aucune sortie ne se dessine.

Les conservateurs ne parviennent à s’entendre que sur un point : ils feront tout pour éviter une crise qui débouche sur des élections générales. Mais le maintien de Theresa May au 10 Downing Street n’est plus une priorité pour un membre tory du parlement sur trois. Et le Brexit constitue toujours la pomme de discorde centrale au sein du parti conservateur, comme c’est le cas depuis le début des années… 1990. Témoin, un nouveau ministre, celui en charge des entreprises, Greg Clark, a refusé la perspective d’une sortie sans accord. A noter que ces propos font, plutôt, le jeu de Theresa May.

Dans ce contexte, le leader travailliste Jeremy Corbyn a pris la parole, ce jeudi 10 janvier, pour réclamer la démission de la Première ministre et l’organisation de nouvelles élections générales. Il a précisé qu’en cas de victoire, le Labour demandera une extension de l’article 50, qui a déclenché le processus de sortie, de deux ans. Il mettrait à profit ce délai, éventuel, pour renégocier avec l’Union européenne un accord « qui préserve les droits des travailleurs », construise une union douanière et une « relation solide de marché unique ». En revanche, Corbyn entend toujours respecter le vote de juin 2016 et les « 17 millions de Britanniques » qui ont voté en faveur de la sortie de l’UE.

 

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