Brexit : l’accord « mathématiquement mort » au parlement, Theresa May joue sa survie

AUCUN REPIT POUR THERESA MAY. Au lendemain de l’annonce d’un projet d’accord à la Chambre des Communes, la Première ministre a été confrontée à une salve de démissions du gouvernement. Ce soir, la cheffe du gouvernement refuse toujours de démissionner. Elle devrait être confrontée à un vote de défiance dans les prochains jours.

Au total, cinq membres du cabinet ont démissionné ce jeudi 15 novembre, portant à 20 le nombre de personnes qui ont quitté un gouvernement dirigé par Theresa May depuis sa prise de fonction en 2016. Parmi les plus significatives, on trouve Dominic Raab, rien moins que secrétaire d’Etat au Brexit, et Shailesh Vara, secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord. Esther McVey, en charge du Travail et des pensions, est le troisième poids-lourd à quitter le navire.

Après cette série de coups durs,  la Première Ministre a présenté aux parlementaires les termes de l’accord. Ses explications n’ont pas convaincu les parlementaires dont les critiques se sont faites plus vives encore que la veille à la lecture du contenu du projet d’accord.

Nigel Dodds leader au parlement des unionistes d’Irlande du Nord juge que le texte constitue une trahison. Il estime que Theresa May n’a pas respecté ses promesses, ne les écoute pas et qu’elle a brisé l’accord de confiance qui liait le DUP aux conservateurs. Dès lors, la locataire de Downing Street se retrouve à la tête d’un gouvernement minoritaire. Malgré tout, elle a martelé, tout au long de la journée, que son accord aussi insatisfaisant soit-il était la seule solution viable. Sans surprise, le Labour party a appelé a rejeter l’accord. Une fois n’est pas coutume, les tories se sont bien gardés de chahuter Jeremy Corbyn lorsqu’il formulait ses critiques sur le contenu de l’accord.

A l’issue du débat, il est évident que Theresa May n’a pas de majorité pour le faire adopter. Elle peut compter sur 180 élus conservateurs, les autres groupes parlementaires ont annoncé qu’ils s’opposeraient à ce accord. Et il est peu probable qu’elle trouve 320 parlementaires pour l’adopter en l’état.

Cependant, et c’est la chance de la Première ministre, les solutions de sortie de crise divergent. Nombre d’élus du Labour demandent que les électeurs soient consultés lors d’un second référendum. Il va de même du côté des Libéraux démocrates et des écologistes. La direction du Labour préfère demander que Theresa May tire les conclusions qui s’imposent, désormais minoritaire au Parlement, elle ne peut que laisser la place et convoquer des élections générales. Cela dit si des élections générales ne sont pas possibles, Jeremy Corbyn évoque l’hypothèse de soutenir un nouveau référendum.
Autre solution prônée par des élus conservateurs, ou le SNP, qu’elle retourne négocier à Bruxelles.

Reste la solution de l’absence de deal qui plait aux unionistes d’Irlande du Nord, et aux partisans conservateurs d’un Brexit dur.

A cette heure les rares sont les voix qui s’élèvent pour défendre Theresa May, seule Amber Rudd (l’ex ministre de l’intérieur) estime qu’elle est la mieux placée pour permettre au Royaume Uni de sortir de l’Union Européenne.

Jacob Rees Mogg lors d’une conférence de presse cet après midi est passé de la parole aux actes. Leader des conservateurs partisans d’une sortie dure, il est intervenu pour signifier qu’il n’avait plus confiance en Theresa May. Dans la foulée, 15 élus conservateurs ont rendu public leurs courriers demandant une nouvelle élection à la tête du parti et du gouvernement. Le patron du puissant European Research Group se défend d’avoir aggravé la crise politique et refuse de défier directement Theresa May. Il pense que d’autres sont mieux placés que lui pour le faire et qui seraient capable de mener le Brexit à bien, citant en vrac, Boris Johnson, David Davis, Dominic Raab et Esther McVey et Penny Mordaunt.

A la fin de la journée, Theresa May a tenté de reprendre l’initiative via une conférence de presse. Loin de démissionner, elle s’est présentée en campagne pour défendre l’accord. Quand on lui demande si elle est dans le déni sur le fait que celui ci ne sera pas adopté par le Parlement, elle répond qu’elle fait son job dans l’intérêt du pays.

D’autres démissions pourraient être annoncées dans les heures à venir.

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