Le Green Party souffre du changement de climat au sein du Labour

Le Green Party a tenu sa conférence à Bournemouth fin septembre. Devant 500 militants, Natalie Bennett, la leader des écolos britanniques, a insisté sur le fait que le gouvernement est faiblement soutenu, étant donné que 76 % des électeurs n’ont pas voté pour les conservateurs. C’est, pour elle, le signe que le système électoral est brisé. Et cela se reflète dans l’opinion : de plus en plus de Britanniques ne se sentent pas représentés et, selon un sondage récent, 74 % des interrogés se disent favorable au scrutin proportionnel.

Le Green Party, qui est très impliqué dans la campagne, se réjouit que le souhait d’une réforme du mode de scrutin dépasse le cadre d’une seule organisation. Si Natalie Bennett se félicite de l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du Labour party, elle l’a déjà appelé à soutenir la campagne du Green Party pour une réforme électorale qui permette une représentation politique plus juste à Westminster, dans un contexte où les Green ont augmenté fortement en voix (de 265,000 à plus d’un million), sans gagner aucun siège. Seule Caroline Lucas, élue de Brighton-Pavillons, représente les écologistes au parlement. Le Green Party estime qu’à l’aune des suffrages obtenus, il devrait disposer de 25 Membres du parlement à Westminster.

Conférence d'automne du Green PArtyCette campagne est vitale pour les écologistes, qui sont victimes du vote utile en faveur du Labour. Aujourd’hui, beaucoup de militants craignent que l’accession de Jeremy Corbyn à sa tête aggrave la situation. C’est ce que semble indiquer notre bilan des élections partielles, qui voit le Green Party reculer et perdre un élu au profit des travaillistes. Le repositionnement à gauche du Labour se traduit en outre par un recul en nombres d’adhérents. Malgré le déni de Natalie Bennett, le coup d’arrêt est bien réel. Le gain de 16,000 adhérents, portant à 66,000 le nombre de militants écologistes lors de la
campagne des élections générales du mois de mai 2015, connaît une suite moins favorable. Depuis, ce sont 3,000 membres qui ont quitté le navire et bon nombre de sympathisants ont rejoint le Labour.

Pour le parti écologiste, redéfinir son espace politique face à un Labour dirigé par Corbyn est une question urgente. En l’état, les réponses données par ses responsables à l’occasion de la conférence annuelle des Greens risquent de ne pas suffire. Caroline Lucas pointe quelques divergences sur l’environnement ou le fait que, au delà de sa direction nationale, nombre de conseils locaux dirigés par le Labour restent sourds aux attentes des citoyens et sont plus sensibles aux entreprises ou au propriétaires. Dans ce contexte, la question d’une alliance avec le Labour divise. Au plan national, elle n’est pas écartée a priori. Mais à Brighton, ville où les écologistes ont perdu la majorité au profit du Labour à la suite d’une campagne rude, on n’est pas vraiment sur la même longueur d’onde. Pour les militants locaux, le Labour, dominateur et arrogant, n’a pas changé.

Pour se distinguer, le Green Party songe à mettre au centre de ses campagnes la question du changement climatique. Dans l’immédiat, le changement de climat au sein du Labour ne lui est pas forcément profitable.

Silvère Chabot

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