Camouflet pour le Labour : le Pays-de-Galles sans premier ministre
L’assemblée nationale du Pays-de-Galles s’est réunie mercredi 11 mai pour élire son gouvernement local. La journée s’annonçait sans surprises, les travaillistes disposant de 29 élus sur 60. Carwyn Jones pensait retrouver son poste de premier ministre dans un fauteuil. Las, la réunion a viré à la crise politique et le Pays-de-Galles est privé de gouvernement au moins jusqu’au jeudi en huit.
Un premier bras de fer est survenu à l’occasion de l’élection du président de l’assemblée, le « Presiding Officer » (l’équivalent du leader de la chambre des Communes John Bercow à Westminster). Les nationalistes de gauche de Plaid Cymru ont réglé, à cette occasion, leurs comptes avec l’ancien leader, le nationaliste Dafydd Elis-Thomas, qui avait soutenu un candidat Labour au poste de crime commissioner, et qui avait décidé de se présenter contre l’avis du parti au perchoir du Pays de Galles.
C’est Elin Jones, soutenu par la direction de Plaid Cymru, qui a remporté le scrutin à bulletins secrets à l’issue d’un vote serré. Le Labour ne pouvait pas se réjouir de cette division, il avait deux candidats au poste d’adjoint. C’est la candidate vétérante Ann Jones, qui l’emporte de justesse contre John Griffiths.
C’est dans l’après midi que s’est joué le drame, au moment de l’élection du Premier Ministre du Pays-de-Galles. Pour le Labour Carwyn Jones cela devait être une formalité. Face à lui, Plaid Cymru a présenté Leanne Wood. Pour le Labour, cela ne pouvait être qu’une posture. Celui-ci n’a pas envisagé une seconde le scénario qui se dessinait : les élus conservateurs et ceux de UKIP ont voté pour la leader de Plaid Cymru. L’abstention du seul membre libéral-démocrate de l’assemblée nationale a généré un résultat nul. Avec 29 voix pour chacun des candidats, le Labour subit un camouflet inattendu.
A l’issue du scrutin, les nationalistes gallois ont fermement démenti tout deal avec les conservateurs et UKIP, si jamais Leanne Wood était élue elle devrait diriger un gouvernement minoritaire. La Labour local, sonné, est persuadé qu’il y a eu un arrangement et que Plaid Cymru « a sauté dans le lit des tories et de UKIP ».
Les travaillistes gallois continuent à agir comme si Plaid Cymru était toujours un parti de second rang. Certes, les nationalistes n’ont pris qu’un siège. Mais pas n’importe lequel. Ils ont fait élire leur leader au coeur du bastion travailliste du Sud Pays-de-Galles. Qui plus est, leurs scores sont en hausse pratiquement partout. Et ils parviennent à élargir leur base à des habitants ne parlant pas gallois. Mais le Welsh Labour semble se satisfaire de n’avoir perdu qu’un siège quand on leur annonçait trois pertes.
L’angoisse va monter dans les jours à venir. Si aucun Premier Ministre n’est élu dans les 28 jours, l’assemblée serait dissoute et de nouvelles élections seraient convoquées. Qui prendrait le risque de poursuivre la crise politique au Pays de Galles ? Si Le Labour local cessait de traiter par le mépris Plaid Cymru et décidait de discuter, la situation serait peut être différente…
Silvère Chabot