Tory leadership : Andrea Leadsom, en héritière de Thatcher, rêve de créer la surprise
Il y a fort à parier que le Brexit fasse une nouvelle victime côté conservateurs. Après la démission du premier ministre David Cameron, c’est Boris Johnson, un des principaux leader du camp sortiste, qui a dû se retirer de la course au tory leadership. Le week-end des 2 et 3 juillet va se révéler décisif pour Michael Gove, candidat à la succession de Cameron, son ancien ami. Le secrétaire d’Etat à la justice du gouvernement sortant est à la peine. Et c’est Andrea Leadsom, ministre de l’Energie, qui pourrait s’adjuger le scalp d’un Gove auquel personne ne semble pardonner d’avoir poignardé Boris Johnson dans le dos.
Se présentant comme héritière de Margaret Thatcher, Andrea Leadsom entend incarner le camp du Brexit dans la course au leadership du parti conservateur, course ouverte par le retrait de David Cameron, dès la publication des résultats du référendum sur l’avenir de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. Cette candidature a pris tout le monde par surprise, tant la membre du parlement pour le South Northamptonshire était, jusqu’à peu, une illustre inconnue. Elle semble avant tout profiter du rejet de Michael Gove au sein de la base du parti conservateur après sa « double trahison ».
Gove était un des principaux alliés et amis de David Cameron avant de choisir le camp de la sortie. Il a ensuite fait trébucher l’autre figure tory : Boris Johnson. En annonçant sa propre candidature, Gove a déclaré que l’ancien maire de Londres n’avait pas la carrure pour être premier ministre. Et que c’est pour cela qu’il se présentait. Depuis cette sortie, les militants conservateurs de base ont multiplié les appels pressant leurs membres du parlement de ne pas soutenir Michael Gove.
C’est dans ce contexte de fin de règne que la candidature d’Andrea Leadsom est apparue comme une alternative crédible, pour la droite eurosceptique du parti conservateur. Face à la machine de guerre lancée par Theresa May, marquée du sceau de la fidélité à Cameron pendant la campagne référendaire, Leadsom a décidé de revêtir les habits d’une Margaret Thatcher pour rassembler la base conservatrice. En effet, l’ancienne première ministre jouit toujours d’une grande popularité parmi les militants tories.
« En tant que personne, (Margaret Thatcher) était toujours gentille et courtoise et, en tant que leader, elle était déterminée et inébranlable. Je pense que c’est l’idéal. Et j’aime à croire que c’est là que je me situe », a ainsi déclaré Andrea Leadsom.
Ce positionnement a valu à la ministre le ralliement des eurosceptiques les plus durs. Parmi eux, Lord Tebbit, ancien membre du cabinet Thatcher dans les années 80, a salué l’expérience de Leadsom dans le secteur de la finance (elle était cadre dans une société de la City) comme « quelque chose dont nous avons cruellement besoin de nos parmi les membres de la Chambre des communes ». Et d’ajouter : « Si vous observez sa formation, ses choix et son activité, vous noterez que c’est fondamentalement une figure thatchérite. Elle est notre candidate évidente ». Ancien secrétaire d’Etat au Travail et aux pensions, Iain Duncan-Smith, une des figures de la droite conservatrice, lui a déjà apporté son soutien.
Andrea Leadsom a également justifié sa candidature en affirmant que le prochain premier ministre devait être issu du camp sortiste plutôt qu’une personnalité « qui suivrait les choix des Britanniques à reculons ».
« Je crois vraiment que si nous devons sortir, alors nous avons besoin (comme premier ministre) de quelqu’un qui y croie », a-t-elle encore affirmé.
Ses adversaires ne manquent pas de rappeler, déjà, qu’il y a quelques années en arrière, Andrea Leadsom s’était prononcée contre la sortie de l’Union européenne. Avant de changer d’avis. Ces rappels montrent combien le leadership conservateur va être riche en coups fourrés et boules puantes. Les tories sont au demeurant très réputés pour exceller dans ces exercices. Et Michael Gove ne sera pas le dernier à s’y livrer à nouveau.
A la traîne dans les parrainages, le secrétaire d’Etat à la justice n’a pas dit son dernier mot. Si, pour le moment, il fait jeu à peu près égal en termes de signatures (une petite vingtaine) de membres du parlement, il a passé son week-end à téléphoner à tout un chacun pour tenter de remonter son retard. Mais, dans une de ses premières apparitions télévisées en tant que candidate au leadership tory, Andrea Leadsom a annoncé que quelques 50 parlementaires la soutiennent déjà. Selon son équipe, Theresa May disposerait de plus de cent parrainages.
Le premier débat entre candidats a lieu ce lundi 4 juillet devant les membres du puissant 1922-Committee, qui rassemble l’essentiel des backbenchers conservateurs. Le premier round de l’élection aura lieu mardi. Le candidat arrivé en cinquième position sera éliminé. Jeudi 7 juillet, un second tour aura lieu pour éliminer les deux candidats arrivés en dernière position. Il appartiendra ensuite aux quelques 150,000 adhérents du parti conservateur de départager les deux concurrents restant en lice. A moins que ce tory leadership ne nous réserve encore une surprise.
Nathanaël Uhl