Brexit : les conservateurs offrent une nouvelle défaite à Theresa May

ELLE N’A MEME PAS JUGE UTILE D’ETRE PRESENTE A L’ANNONCE DES RESULTATS. Theresa May, la première ministre, a mordu une nouvelle fois la poussière ce jeudi 14 février. Elle a présenté une nouvelle motion présentant sa stratégie sur le Brexit à la Chambre des Communes. L’enjeu, pour elle, était de signifier à Bruxelles qu’elle disposait d’un soutien clair sur la question du « filet de sécurité » en l’Irlande du Nord, pierre d’achoppement majeure alors que la sortie effective de l’Union européenne est toujours prévue au 29 mars. Las, les Brexiters conservateurs ont préféré s’abstenir, infligeant une défaite par 45 voix de majorité au gouvernement.

Pourtant, Theresa May a accepté de nouvelles concessions en faveur du lobby europhobe European Research Group, dirigé par Jacob Rees-Mogg. Cela n’aura pas suffi. A l’issue d’une réunion tenue dans l’après-midi, les partisans du Brexit dur ont décidé de ne pas soutenir la Première ministre, estimant que les garanties n’étaient pas suffisantes. Le puissant ERG, qui semble organisé et discipliné, demande toujours le retrait de la clause prévoyant un « filet de sécurité » pour prévenir toute frontière physique entre les deux parties de l’Irlande. Point sur lequel l’Union européenne n’entend toujours pas revenir. Et la défaite de ce soir n’inclinera pas les 27 à modifier leur attitude.

Les partisans conservateurs du maintien dans l’Union européenne, que l’on chiffre aux alentours de 50 membres du parlement, ont commencé à exprimer leur colère. Ils estiment que Theresa May est « dirigée par un parti à l’intérieur du parti« , visant clairement ERG. Certains laissent filtrer, sous couvert d’anonymat, leur intention de faire obstacle à un Brexit sans accord « quoi qu’il en coûte« , comprendre « y compris si cela doit faire tomber le gouvernement ». Un avertissement sans frais à deux semaines du vote qui comptera : celui du 27 février. C’est ce jour-là que Theresa May compte faire voter son projet définitif de retrait de l’Union européenne.

Le fait est qu’il y a peu de chances que les choses changent d’ici-là. L’Europe des 27 tient fermement sa position : pas de renégociation d’un accord largement écrit par le gouvernement britannique. ERG et les unionistes nord-irlandais du DUP veulent toujours faire sauter le « filet de sécurité ». Le parti travailliste défend toujours son propre plan de sortie de l’Union européenne, basée sur une union douanière renégociée. Jeremy Corbyn doit d’ailleurs rencontrer Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne, la semaine prochaine.

Le leader travailliste continue de proposer son soutien à Theresa May si elle accepte les termes du compromis travailliste. La cheffe du gouvernement se trouve de fait face à un dilemme cornélien. Si elle passe un accord avec les travaillistes, son projet, certes amendé, obtient une majorité à la Chambre des Communes ; mais elle perd le soutien dont elle a besoin en interne au parti conservateur et peut donc dire adieu au 10 Downing Street. L’alternative consiste à préférer son parti au pays et, donc, à se résoudre à une sortie sans accord. Mais là, ce sont les donateurs des Tories qui ont prévenu : Hard Brexit entraînera une suspension de nombre de versements.

Il reste donc un espoir pour Theresa May. Alors que la perspective d’une sortie sèche de l’Union européenne se rapproche, elle espère toujours que les parlementaires travaillistes finissent par être assez nombreux à avoir peur pour braver les consignes de vote du Labour et soutenir son accord. Le 10 Downing Street a d’ailleurs produit un communiqué lunaire à l’issue du scrutin, accusant « Jeremy Corbyn (de) préférer les jeux politiciens à l’intérêt du pays ». Ce coup de bluff nécessiterait, pour réussir, qu’elle retourne les Brexiters durs de son camp en sa faveur… Beaucoup trop d’inconnues dans un jeu à trop de bandes.

 

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