Les conservateurs contraints à envisager une nationalisation partielle de l’acier

Ce sera la plus remarquable des nombreuses volte-faces opérées par le secrétaire d’Etat à l’économie, Sajid Javid. Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 21 avril, par la voix de ce disciple de Milton Friedmann, qu’il envisage une nationalisation partielle de l’acier. Cette décision vise à conforter les projets de reprise des activités que le sidérurgiste Tata Steel a mis en vente, au mois de mars dernier. Le gouvernement régional du Pays-de-Galles, dirigé par le Labour, a confirmé qu’il serait partie prenante du montage financier, qui pourrait voir Londres prendre 25% des parts de British Steel, dénomination de Tata au Royaume-Uni.

L’annonce de la vente de ses implantations par le groupe sidérurgique indien a causé une vive émotion en Grande-Bretagne où 15,000 salariés y sont employés. Ce sont 40,000 postes de travail qui sont menacés en intégrant les sous-traitants. Le site de Port Talbot, dans le sud du Pays-de-Galles, avec ses 4,000 ouvriers, est directement menacé. A l’heure actuelle, deux repreneurs sont sur les rangs : le fonds Liberty, qui a déjà racheté des implantations de Tata dans les mois écoulés, et un consortium soutenu par le management britannique de Tata et les collectivités galloises. On a appris, récemment, que Greybull capital, qui dispose déjà de deux sites à Rotherham et Stocksbridge, serait également intéressé.

Le gouvernement britannique a assuré qu’il était disposé à accorder des prêts et des subventions, intercédant auprès de l’Union européenne pour éviter de se faire reprendre pour entrave à la concurrence, afin de donner de l’air aux repreneurs éventuels. Il a enfin proposé de prendre 25% des parts de British Steel, dans une nationalisation partielle et à durée limitée, pour conforter l’activité.

Cette possibilité avait été évoquée, dès l’annonce de la mise en vente des sites de Tata, par un des ministres (équivalant aux secrétaires d’Etat français quand le secrétaire d’Etat britannique a les mêmes pouvoirs qu’un ministre français -NDLR) de Sajid Javid. Ce dernier, dès le lendemain, avait retoqué la proposition. Finalement, il la reprend à son compte, poussé dans ses cordes par la pression populaire relayée habilement par les travaillistes.

Déjà soumis à un tir croisé venant de son camp comme de l’opposition, David Cameron a imposé cette solution à un des plus libéraux parmi les membres de son gouvernement. Pour le Premier ministre, il faut sauver l’acier britannique pour sauver le soldat Cameron et ne pas apparaître comme le digne héritier de Thatcher liquidant le charbon dans les années 80.

 

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