Le Labour s’engage pour la renationalisation des réseaux ferrés britanniques

Depuis son élection à la tête du Labour, Jeremy Corbyn est sous le feu nourri de la presse britannique dont les titres rivalisent pour accabler le nouveau leader du parti. A chaque jour son prétendu scandale, du refus de chanter « God Save The Queen » à la cérémonie en mémoire des pilotes de chasse de la bataille d’Angleterre à la non participation au match d’ouverture de la coupe du monde de rugby. Pas un jour sans une rumeur à propos de défections du Labour en faveur des libéraux démocrates, tandis que les paris sur sa durée (475 jours selon les bookmakers) vont bon train. On ne lui épargne rien. Dimanche, le tabloid de centre-gauche The Mirror évoquait même une possible « mutinerie » de l’armée si Corbyn était élu Premier ministre…

Pourtant, Jeremy Corbyn poursuit sa tâche, à son rythme. Après une première annonce sur son shadow cabinet et un premier passage réussi aux questions au premier ministre, il vient d’achever la mise en place de son propre cabinet. Il est désormais entouré d’anciens conseillers confirmés de l’ancien maire de Londres Ken Livingston. On retrouve ainsi Simon Fletcher (qui a passé huit ans auprès de Ken le rouge), chef d’état-major de la campagne de Corbyn et qui auparavant avait oeuvré à renouer le dialogue entre les syndicats et le Labour après la polémique de Falkirk en 2013 laquelle avait occasionné quelques remous.

Désormais, la nouvelle direction du Labour imprime sa marque. Après une ferme opposition au projet de loi antisyndical des tories, il s’agit de présenter des propositions afin de convaincre le plus grand nombre dans la perspectives des prochains scrutins. Des élections régionales (Ecosse, Pays de Galles…) à celle à la mairie de Londres, l’année 2016 sera chargée.

222001_,_ChesterfieldPremier projet qui sera mis en avant lors de la conférence du parti à Brighton le 25 septembre : le retour dans le giron public des réseaux ferrés britanniques. Cette orientation est extrêmement symbolique à l’heure où le gouvernement de David Cameron envisage de démanteler et de privatiser Network Rail, organisme public créé en 2002 qui avait réussi a remettre le réseau ferroviaire sur les rails. Elle l’est d’autant plus dans un contexte où le gouvernement a décidé de reporter l’électrification et la modernisation de 15.000 kilomètres du réseau, singulièrement dans les régions dévastées par la crise du Nord et des Midlands.

« Nous savons qu’il y a un soutien massif des Britanniques à la mise en place d’un réseau ferré public », selon Jeremy Corbyn. Le plan établi pourrait permettre de rétablir un tiers du réseau dans le secteur public à l’horizon 2025. Les lignes seront renationalisées une par une, dès que les concessions privées auront expiré : 5 des 16 concessions actuelles viendront à expiration entre 2020 et 2025, incluant East Coast (Leeds, Newcastle, Edinburgh), Southern (Brighton, Southampton) et TransPennine Express (Manchester, Newcastle, Liverpool). Actuellement, 23 opérateurs privés agissent sur le réseau, qui l’exploitent au mépris des conditions de travail des salariés du secteur ; ils ont augmenté les tarifs de 35 % depuis 2010. Cela provoque évidemment un fort mécontentement alors que le cinquième réseau européen est réputé 40 % moins efficace que la moyenne européenne.

3railways-compressLe Labour va s’engager clairement pour un réseau ferré sous contrôle public .La nouvelle shadow secretary chargée des transports, Lilian Greenwood, va diriger une équipe spéciale du parti pour développer le plan de renationalisation et auditionner syndicats, associations d’usagers, autorités locales dans un processus pour inclure les avis de tous, et améliorer notamment les dédommagements en cas de retards (qui sont monnaie courante de nos jours. Dans un courrier au Co-operative party (le parti coopératif, associé au Labour), Corbyn a expliqué qu’il est, à titre personnel, favorable à un processus de retour dans le giron public qui associe les usagers et les salariés aux décisions, plus qu’à une renationalisation classique.

Le Labour rappelle que le soutien populaire à une telle proposition est net : 66 % des personnes interrogées dans un sondage Yougov en 2013 sont favorable à un réseau ferré sous contrôle public (et même une majorité de sondés réputés proches des Tories). En outre, Andy Burnham, ancien challenger de Jeremy Corbyn, soutient d’ores et déjà l’idée. Ed Miliband l’avait également envisagé avant sa défaite aux élections générales de mai dernier. En outre, les syndicats sont également favorables, à une majorité écrasante, au retour du réseau ferré dans le giron public.

La ligne principale East Coast qui était revenu dans le giron du secteur public de 2009 à 2010 avait regagné des passagers, majoritairement satisfaits.

Silvère Chabot

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Bonus vidéo : Public Enemy – Nighttrain (Touch Up Remix)

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